Alain Rochereau: une mise au point concernant la lettre du 16 avril 1874

L’HISTOIRE  SPLENDIDE,

ou LA  SPLENDIDE  HISTOIRE  D’UNE SUCCESSION  ORDINAIRE

 Quelques explications sur le mystère entourant la révélation de la lettre d’Arthur Rimbaud à Jules Andrieu, datée du 16 avril 1874

 

24 février 2019

En préambule

Qu’il me soit permis ici de remercier chaleureusement Frédéric Thomas, le découvreur de la Lettre du 16/04/1874 Rimbaud à Andrieu. Lettre reproduite dans la biographie de mon arrière-grand-père, que j’ai mise en ligne, en consultation libre, sous le titre de C’était JulesJules Andrieu – Un homme de son temps.

Sans Frédéric Thomas et sa bonne connaissance de Jules Andrieu, de ce communard oublié, jamais un tel hommage n’aurait été rendu à cet arrière-grand-père, décédé, le lundi 25 février 1884, dans l’indifférence générale. Sans son concours aussi, jamais une telle publicité n’aurait pu être faite à la lettre d’Arthur Rimbaud. Enfin, sans cette découverte de la lettre d’Arthur Rimbaud, jamais, je n’aurais eu l’insigne honneur – dont je me serais volontiers passé – d’être devenu subitement un arrière-petit-fils auréolé du mystère de l’anonymat.

D’ailleurs, si j’ai signé Alain George la biographie de mon arrière-grand-père, c’est tout bonnement afin de préserver ma tranquillité et celle de ma famille, de surcroît dans un contexte de succession en cours de règlement. Mon livre numérique n’ayant eu pour but premier que de transmettre un pan de l’histoire familiale à ma descendance et, subsidiairement, de le porter à la connaissance de ceux qui pouvaient avoir plaisir à le consulter.

Mais revenons à des choses plus sérieuses et tellement plus intéressantes que la vie ordinaire du retraité que je suis, passionné d’histoire, de littérature et de politique. Revenons à cette lettre d’Arthur Rimbaud et tentons de lever le mystère qui l’entoure.

Une lettre autographe

Cette lettre était au nombre d’une quantité d’archives familiales qui ont su traverser plusieurs décennies, car pieusement conservées par mon grand-père, George Andrieu, fils du communard Jules Andrieu. Archives familiales, soigneusement rangées dans une vingtaine classeurs, façon faux livres anciens à dos en cuir, dont j’ai eu le loisir de découvrir le contenu alors que j’étais étudiant, au grand dam de ma grand-mère qui n’aimait pas qu’on évoque la Commune de Paris.

À l’encontre de ce que quelques articles ont pu évoquer, je n’ai pas de talents de faussaire, et je n’ai, de surcroît, aucun goût pour une quelconque Chasse spirituelle. Non sans sourire, je m’imagine, la nuit venue, à la lueur de ma bougie, devant ma feuille de papier jauni, avec ma plume et mon encrier, en train de fabriquer des supercheries pour le plaisir de berner rimbaldiens, journalistes, hommes de lettres. Et – pourquoi pas ? – en train d’inventer une suite à cette lettre par l’écriture d’une réponse de Jules Andrieu… Là, ce serait un peu plus compliqué, car il faudrait s’appliquer à avoir une calligraphie de vieux chat borgne pour imiter l’écriture de mon arrière-grand-père.

Aujourd’hui, où est-elle cette lettre ? Toutes les hypothèses sont permises à défaut de certitudes. Je connaissais l’existence de cette lettre depuis les années 1960, je l’avais vue, lue, touchée, admirée. Pour moi, c’était une missive extraordinaire qui avait su franchir le temps, les aléas de la vie difficile de la famille de Jules Andrieu, en proie à la tourmente des maladies et de sempiternels défauts d’argent. Cette lettre était comme le joyau au sein de ces archives familiales qui comptaient des milliers de pages d’autres lettres autographes de personnalités de divers horizons.

Malheureusement, mes frères et ma sœur se sont appropriées la totalité de nos archives familiales. Mes demandes de restitution et de partage sont restées lettre morte. C’est pour cela que j’ai entrepris la biographie de Jules Andrieu, afin que mes enfants et petits-enfants aient au moins un souvenir de ce passé. Et je l’ai fait en m’appuyant sur les documents d’archives familiales scannés figurant dans un CD, qui m’avait été offert par l’un de mes frères en 2009.

Ma seule certitude concernant la lettre d’Arthur Rimbaud est de l’avoir retrouvée dans le CD en question. C’est le scan de cette lettre, qui figure dans ma biographie et que je présente ici sous un format de meilleure qualité.

Vous avez dit « Splendide histoire d’une succession ordinaire »

Ce qui rassure dans cette affaire de succession en cours, c’est que c’est monnaie courante quand il s’agit de succession. Chacun sait que lorsqu’on hérite de trois petites cuillères en argent et qu’il y a quatre héritiers, c’est là où commencent les grincements de dents et les frustrations. Mais tout finira par s’apaiser, laissons du temps au temps. Mon seul vœu est que la vie reprenne ses droits pour la paix des chaumières et pour le plus grand bonheur des chercheurs et universitaires.

En espérant avoir éclairci le mystère et levé quelque peu celui de mon « anonymat ».

Alain Rochereau, arrière-petit-fils de Jules Andrieu et fier de l’être.